Les mondanités m'ennuient. C'est sans doute par manque d'habitude. Je n'aime pas les jolies tablées et les tenues élégantes, les grands chapeaux et les dîners dansants. Les rares soirées auxquelles j'ai été conviée ont tourné au cauchemar, me poussant en silence dans un coin sombre, étouffée par des vêtements mal choisis qui pointaient ma différence. Je n'étais pas de celles qu'on invitait à danser, je n'étais pas de celles qu'on courtise. Je suis fille de roturier et l'on m'a appris à rester à ma place pour éviter le ridicule, parce que même s'il ne tue pas, il blesse profondément.
Je n'ai pas de robes de soirée, ni de bagues qui viennent de mes grands-mères. Je n'ai pas de collection de chaussures ni de chapeaux et j'aime par-dessus tout les vêtements confortables, si possible avec des poches pour pouvoir y plonger mes mains pour me donner une contenance, les bras ballants m'offrant un air gauche et quand ils ne sont pas occupés, me semblent bien inutiles. J'ai toujours cette peur de commettre un impair, de me tromper de couverts, de ne pas manger comme il faut. Je suis perdue dans la foule et me sens encore plus petite. Je ne sais pas me présenter ni aller vers les autres.
L'an dernier, quand la maman de la mariée m'a annoncé que nous serions invités à la noce et que nos petites seraient demoiselles d'honneur, j'ai d'abord songé au rêve qu'elles vivraient, pour la première fois et sans doute la dernière de leur vie, posant sur leur enfance une pierre un peu magique de rêve éveillé, de jolies robes qui tournent, de petites chaussures à brides et de couronnes de fleurs, d'enfants libres qui courent entre les grandes personnes, de dragées grignotées plus que de raison et de traversée de l'église en tenant le voile de la mariée, étonnamment jolie vers qui tous les regards se tournent... Avec le temps, une fois leurs tenues réalisées, j'ai réalisé que ma penderie était vide, que la seule robe un peu chic que j'avais était celle que je portais pour notre mariage avec ce petit chapeau de paille tout simple. J'avais décidé de ressortir cette toilette, quinze ans après notre grand jour, souriant de ce qui resterait secret et qui réveillerait sans doute des souvenirs pas si enfouis. Et puis le hasard a voulu qu'un marchand de tissus se trompe dans ma commande et glisse deux mètres de lin noir dans le grand sac de mes achats. Je ne me voyais pas couper cette couleur sombre pour les filles. J'avais pensé à une tunique pour moi ou peut-être un grand pantalon pour l'été... Un jour où je griffonnais dans mon petit carnet bleu, pensant au joli dos nu d'Ondine, m'est venue l'idée d'une petite robe pour moi, celle que je porterais pour ce mariage d'août dont on parle depuis un an. Je la voulais sobre, cette tenue, avec une pointe de blanc. J'ai tremblé un peu, moi qui ne couds jamais pour moi. J'ai cousu une toile avant de couper le lin et puis, en une journée, j'ai vu ma tenue prendre forme sans oser l'essayer, de peur d'être déçue. Sur le mannequin, elle ressemblait à ce que j'avais imaginé mais je sais mon reflet qui n'est toujours pas mon ami et qui le sera de moins en moins avec le temps, avec l'âge... J'ai trouvé les chaussures plates que je voulais. J'ai choisi le chapeau qui me cachait le mieux. Et puis, par le plus grand des hasards, Emmaüs m'a apporté sur un plateau le sac idéal, tel que je l'aurais dessiné si j'avais su coudre le cuir, un petit sac comme avait ma grand-mère, avec le parfum de l'ancien entre les fermetures à glissière...
J'ai laissé passer le temps et les vacances avant de me plonger dans la robe. Il y avait des retouches à faire, sur les plis creux devant et sur la longueur de la bande du dos. J'ai réussi à faire deux trous maladroits sous l'encolure et j'ai bien cru renoncer à ce projet. Mais je me suis rappelé le chapeau sur lequel j'avais ajouté un biais blanc à pois noirs et les chaussures assorties, alors j'ai décidé de ne pas changé mes projets, d'oser ma robe, d'écouter Adélie qui me dit si souvent que je suis belle, de rire avec Eloi quand il me compare à madame de Fontenay, d'ignorer Fantin qui trouve que ma tenue fait deuil... Dans quelques jours, je me noierai dans la foule élégante, m'accrochant à mon sac autant qu'à ma flûte de champagne que je ne boirai pas, cherchant du regard mes petites demoiselles d'honneur pour qu'elles m'éclaboussent de leur joie d'être au coeur de la fête...
L'an dernier, quand la maman de la mariée m'a annoncé que nous serions invités à la noce et que nos petites seraient demoiselles d'honneur, j'ai d'abord songé au rêve qu'elles vivraient, pour la première fois et sans doute la dernière de leur vie, posant sur leur enfance une pierre un peu magique de rêve éveillé, de jolies robes qui tournent, de petites chaussures à brides et de couronnes de fleurs, d'enfants libres qui courent entre les grandes personnes, de dragées grignotées plus que de raison et de traversée de l'église en tenant le voile de la mariée, étonnamment jolie vers qui tous les regards se tournent... Avec le temps, une fois leurs tenues réalisées, j'ai réalisé que ma penderie était vide, que la seule robe un peu chic que j'avais était celle que je portais pour notre mariage avec ce petit chapeau de paille tout simple. J'avais décidé de ressortir cette toilette, quinze ans après notre grand jour, souriant de ce qui resterait secret et qui réveillerait sans doute des souvenirs pas si enfouis. Et puis le hasard a voulu qu'un marchand de tissus se trompe dans ma commande et glisse deux mètres de lin noir dans le grand sac de mes achats. Je ne me voyais pas couper cette couleur sombre pour les filles. J'avais pensé à une tunique pour moi ou peut-être un grand pantalon pour l'été... Un jour où je griffonnais dans mon petit carnet bleu, pensant au joli dos nu d'Ondine, m'est venue l'idée d'une petite robe pour moi, celle que je porterais pour ce mariage d'août dont on parle depuis un an. Je la voulais sobre, cette tenue, avec une pointe de blanc. J'ai tremblé un peu, moi qui ne couds jamais pour moi. J'ai cousu une toile avant de couper le lin et puis, en une journée, j'ai vu ma tenue prendre forme sans oser l'essayer, de peur d'être déçue. Sur le mannequin, elle ressemblait à ce que j'avais imaginé mais je sais mon reflet qui n'est toujours pas mon ami et qui le sera de moins en moins avec le temps, avec l'âge... J'ai trouvé les chaussures plates que je voulais. J'ai choisi le chapeau qui me cachait le mieux. Et puis, par le plus grand des hasards, Emmaüs m'a apporté sur un plateau le sac idéal, tel que je l'aurais dessiné si j'avais su coudre le cuir, un petit sac comme avait ma grand-mère, avec le parfum de l'ancien entre les fermetures à glissière...
J'ai laissé passer le temps et les vacances avant de me plonger dans la robe. Il y avait des retouches à faire, sur les plis creux devant et sur la longueur de la bande du dos. J'ai réussi à faire deux trous maladroits sous l'encolure et j'ai bien cru renoncer à ce projet. Mais je me suis rappelé le chapeau sur lequel j'avais ajouté un biais blanc à pois noirs et les chaussures assorties, alors j'ai décidé de ne pas changé mes projets, d'oser ma robe, d'écouter Adélie qui me dit si souvent que je suis belle, de rire avec Eloi quand il me compare à madame de Fontenay, d'ignorer Fantin qui trouve que ma tenue fait deuil... Dans quelques jours, je me noierai dans la foule élégante, m'accrochant à mon sac autant qu'à ma flûte de champagne que je ne boirai pas, cherchant du regard mes petites demoiselles d'honneur pour qu'elles m'éclaboussent de leur joie d'être au coeur de la fête...
16 commentaires:
très joli et chic, vraiment...et le dos de la robe est très original
je ne sais pas si le mariage est passé mais j'espère que vous y avez tous pris du plaisir et passé une très belle journée ...
ben ca valait drôlement le coup...vous etes ravissante, la robe est a tomber...
Eh bien,pour une première, c'est sacrément réussi Cécile ! Bravo pour la robe et son joli dos ! Et non, cette tenue ne fait pas deuil ! Au contraire, elle est très chic et tu es très belle ainsi.
Je te souhaite de savourer cette journée autant que possible. Je suis sûre qu'Ondine et Adélie savourerons cette journée.
Et comment seront habillés les garçons ? As-tu réalisé quelque chose de spécial pour eux ?
Très jolie robe. Je suis sûre que tu vas prendre goût à coudre pour toi...
Amuse-toi bien si ce n'est déjà fait.
De la tête aux pieds l'on a dû te dévisager, car ta tenue était tout simplement parfaite !! (en plus d'être un modèle unique).
Et ne dit-on pas "reine" pour la mère de princesses ? ;-))
Souvent mondanités riment avec artifices et exubérance, alors que chacun épie l'autre du coin de l'oeil, plus ou moins silencieusement... pour encore mieux se regarder le nombril !!?
Sauf qu'on est tous sortis de la "cuisse de"... quelqu'un, n'spa d'abord hein !
Blague à part, je pense que c'est Hesse qui avait raison : "l'homme est un loup pour l'homme" (...)
Ouhlà, je crois que c'est la nostalgie des mouettes qui me fait plomber l'ambiance... pardooooon !!!
Alors là .... chapeau !!! Je sais, trop facile.
Robe magnifique, très épurée, élégante et chic. Harmonie de l'ensemble. Simple et féminin.
Un régal pour les yeux.
Et à porter .
J'espère bien que tu seras/auras été à l'aise : la tenue me semble parfaite pour la circonstance (je connais bien ce genre de mariage).
Bravo, bravo, bravissimo !!!
Cécile P
Bravo ! Ta robe est juste magnifique et te va à ravir. A n'en pas douter elle et toi ferez des jalouses ;-)))
Bravo ! Ta robe est juste magnifique et te va à ravir. A n'en pas douter elle et toi ferez des jalouses ;-)))
Bravo Madame! Tu étais la plus belle pour aller danser!!!
Et puis, si tu n'as pas une bague de ta grand-mère tu as la même que ta BM!!!! Ouarf, ouarf, ouarf!!!!
La robe est très réussie mais j'adore plus particulièrement le sac!
(bon courage, les derniers mariages auxquels je suis allée m'ont bien vaccinée)
Fanny m'avait dit que ce post me plairait. Effectivement, sentiment si bien décrit. J'aime beaucoup ce sac, qui me fait penser à celle ayant appartenu à ma grand-mère, et qui aujourd'hui a la meilleur place, au milieu de ces sacs que j'ai plaisir à acheter, mais pas l'occasion de sortir.
Un mariage prévu en octobre, une robe à coudre pour moi, un chapeau que j'aimerais porter, mais qui me ferait sentir décalée ...
Et sous le soleil de Provence, c'était encore plus chic ! Ravissante tenue, je confirme, vous avez bien fait d'oser !
Quant à savoir affronter une foule de belles tenues sans s'y noyer... pas facile, mais ça s'apprend peu à peu, en tâtonnant... en élargissant peu à peu le cercle auquel le statut de notre famille nous oblige plus ou moins. En ayant aussi, sans doute, la chance d'avoir des amis qui ne s'arrêtent pas à ce genre de détails. J'espère que la baignade n'a pas été trop mauvaise...
geneviève, zêtes bien chicos...sans dék poulette, tu chies la classe, et je suis sure que tu as du faire sensation quand tu t'es élancée raide bourrée sur le dance floor, avec toute la clique des témoins des mariés, genre...
sérieux, happy de te relire ! et chouette, vraiment, ta robette !
Oh, que je suis contente de te voir en vrai :)
C'est sobre et chic, aucune crainte à voir: tout est parfait.
Pour les mariages, je te comprends: moi je dis non et ce n'est pas négociable, je vais juste aux enterrements maintenant. les mariages je trouve ça ultra-chiant. Au mien on était 6 en comptant nos trois témoins, et je n'avais même pas de robe, lol!
coucou! une revenante!
Pétard, pour une fille qui n'a pas l'habitude de porter la toilette tu t'en sors drôlement bien!!!!!
Elle est très belle, très élégante ta robe et la charmante qui l'habite la met en valeur! vrai de vrai, juré, craché!
Tu vois, là, tout de suite, ça me fait penser à Gabrielle Chanel : les couleurs, le style, le sac... "la mode se démode, le style jamais"! Bravo m'dame.
Je découvre votre blog, et donc cette tenue, je suis sous le charme elle est vraiment trop trop chouette !! Vous n'auriez pas un petit tuto à proposer ... ?! Je cherche désespérément une tenue pour un mariage en juin ;) Et le sac est superbe aussi, il termine bien la tenue !
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