lundi 21 septembre 2009

Au grand air


Les embellies inattendues sont autant de répit qu'il faut savoir cueillir quand ils se présentent. Parce qu'avec l'âge, on a aussi une connaissance plus aiguë de ce qui nous attend, du lit de feuilles qui viendra bientôt feutrer nos pas, de la fraîcheur qui tombera sur les cartables au retour de l'école, de la nuit qui s'avancera doucement à l'heure des devoirs, nous obligeant à allumer les lampes de bureau qui feront danser les ombres des plumes sur le papier... Ce matin, nous étions tous sceptiques en entendant les prévisions météorologiques et la prudence nous avait fait enfiler un gilet et une veste. O. avait même son petit foulard gris à pois beiges noué autour du cou, parce que les petits filets d'air matinaux sont parfois de grands traîtres. On n'attendait pas la pluie, mais on doutait un peu du retour éclair de l'été qui était bien vite parti depuis le ballet des cartables. A midi, les manteaux n'étaient déjà plus enfilés et on hésitait à garder les gilets. Pour un peu, j'aurais ressorti toutes les jolies robes rangées la veille dans un élan radical, remisant à part tous les vêtements trop petits pour A. et que plus personne ne portera jamais ici. Il me faut encore, je le sens, quelques mois pour tourner la page vraiment, me séparer de toutes ces petites fanfreluches qui ont accompagné nos promenades, nos échanges, et toutes ses découvertes. J'en garderai certaines, que je retrouverai plus tard, peut-être à l'heure où je serai appelée "grand-mère" et où les petits mots qui m'avaient fait sourire reviendront rajeunir ma mémoire et mes gestes... En raccompagnant les aînés à l'école cet après-midi, je leur ai assuré que nous irions au parc après leur sortie. Ils ont désormais tous l'âge et l'autonomie d'aller et venir, respectant sans qu'il ait jamais été marqué, un périmètre de sécurité réciproque leur permettant de ne jamais me perdre de vue et de pas sortir de mon champ de vision. Je peux alors avoir le loisir qui me semble être un luxe de m'asseoir où bon me semble, sur un carré de pelouse encore verte, sur un banc qui traîne un peu au soleil à l'heure où la journée s'étire, sur le bord d'une aire de jeux sans même prendre garde aux cris qui m'entourent. Je sors alors ce que j'ai préparé avant de partir, en plus des gâteaux, des bouteilles d'eau, nature ou citronnée et un peu sucrée, du savon à bulles ou des tickets de manège, mon petit sac à ouvrages offert par celle qui m'avait accueillie un jour dans sa jolie maison trop loin de Paris... Aujourd'hui, je m'étais empressée de coudre les deux petits pochons pour les chaussons de danse assortis aux sacs à dos brodés. Je voulais les broder au soleil, entourée par la vie au parc qui connaît sans aucun doute ses derniers instants légers avant la chute des feuilles et le sol humide. Alors, frôlée par les petites filles pour lesquelles j'avais cousu, accompagnée par les mamans que je connais depuis la plus tendre enfance de nos petits respectifs, j'ai terminé mes ouvrages fleuris, avec cette joie simple de donner un travail propre et qui me satisfaisait, pensant déjà à ce que je voulais faire juste après, à ce que j'apporterai la prochaine fois si le temps restait un peu généreux avec nous, laissant les enfants prendre leurs vélos après l'école pour retrouver la liberté des vacances, juste une petite heure savourée comme une parenthèse volée.



12 commentaires:

sous le figuier a dit…

Quels talents .... de brodeuse et d'écrivain !!! Tu es sans conteste la reine du pochon brodé ...

Anonyme a dit…

J'adore lire vos jolies lignes, c'est toujours un vrai plaisir de découvrir un post un peu plus long. Cela me rappelle quand votre porte était encore ouverte, me permettant d'apprécier chaque soir la nouvelle page de cette belle écriture comme une friandise! Et bravo pour toutes vos broderies, vous avez un rendement impréssionant!
Bonne soirée, Lor

So a dit…

J'aime te lire autant que j'aime admirer tes oeuvres. Merci

Anonyme a dit…

Comme lor, supra...
Et ce petit billet au parc m'évoque un autre billet , quand la porte était ouverte, et narrait la proximité de mamans et d'enfants.
Blanche.

Anonyme a dit…

tes jolis mots savent si bien décrire la chaleur retrouvée des derniers jours...j'ai fait comme toi et rangé toutes les affaires d'été...peut-être trop vite!

Autre facette a dit…

Un texte délicieux et... si juste.
Cecile, tu viens de mettre les paroles sur ce que je ressentais depuis le début de cette année scolaire.

Cécile a dit…

sous le figuier : merci ! "écrivain" est un grand mot... disons que je brode autour des mots ! ;)

Lor : héhé, alors on se connait depuis un petit moment ? ;)
J'ai la chance d'avoir des journées de 36 h, ça me donne pas mal de loisirs ! ;)

So : merci à toi !

Blanche : oh ! je l'avais oublié celui-là... il va falloir que je le cherche dans les archives ! merci pour ta fidélité !

au fil de l'eau : comme ça, on évitera les rhumes !

Autre facette : me voilà traductrice alors ?? ;)

PapillonVole a dit…

J'préférais les boutons!

Anonyme a dit…

Comme Lor, je me réjouis dès qu'il y a plus de deux lignes.

Ici, c'est au jardin que se volent les parenthèses.

Telle

Albine a dit…

Oh Cécile, comme j'aime te lire ! (Et comme je regrette parfois "La porte ouverte" !)
Je venais te dire que je n'ai pas de tissu gris à pois blancs. C'est Riwa du blog "Tartufine et Bidulon" qui a fait la robe de la poupée dans ce beau tissu pour le "Happy Doll swap" et qui nous l'a offerte.
J'espère que tu as passé un joyeux mercredi avec toute ta petite troupe.

Ariane a dit…

Coucou !
Claire voudrait un sac à chaussons de danse (un pochon avec un lien qui le ferme)
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Ariane a dit…

cette blouse-là !